La danse du ventre, styles, histoire et réalités
Cet article retrace un peu de l'histoire de la danse du ventre (dite danse orientale), et clarifie certaines ambiguïtés avec les danses arabes
arabesque dance
6/14/20238 min read
La danse du ventre, une danse qui éveille les sens, fait battre les cœurs et raconte des histoires anciennes remplies de grâce et de mystère. Depuis des temps lointains, elle a été un symbole de féminité et d'expression de soi. Mais qu'en est-il vraiment de cette danse féminine envoûtante ?
Dans cet article, nous plongerons au cœur de l’histoire de la danse du ventre pour découvrir ses racines culturelles, ses pratiques contemporaines et ses réalités souvent méconnues.
L'histoire de la danse du ventre :
La danse du ventre, ou danse orientale, est une danse originaire d'Égypte et présente principalement au proche-Orient. C'est une danse pratiquée essentiellement par des femmes. Ce style de danse a su conquérir le monde entier. Bien qu'elle suscite des réactions contrastées en Égypte aujourd'hui, c'est en Occident qu'elle a trouvé refuge, charmant des millions de passionnés.
Cette pratique ancestrale puise ses racines en Égypte et dans les contrées du Proche-Orient comme le Liban, la Turquie, la Syrie, l'Irak et même en Grèce. Certains affirment qu'elle remonte aux rituels ancestraux de fertilité, mêlant religion et ésotérisme. Les témoignages fiables sur son passé demeurent rares, laissant place à une multitude de légendes et de mythes autour de son évolution.
C'est en 1926, au Caire, que Badia Masabni, une actrice et danseuse syrienne, fit naître les premiers sanctuaires de cette forme d'expression. Bien que la danse égyptienne domine désormais les cours et les spectacles, cela n'aurait pas pu être possible sans la renommée acquise par les danseuses égyptiennes lorsque Le Caire est devenu la capitale de cette forme de spectacle dans les années 1930. Les danseuses orientales de cette époque, à l'instar de Samia Gamal, ont été façonnées par des professeurs de ballet classique, fusionnant avec brio la grâce orientale, incarnée par les mouvements du bassin et du tronc, avec des mouvements scéniques tels que les déplacements, les arabesques et les tours.
Danse du ventre, danse égyptienne et danse arabe quelle différence
La danse orientale est un art millénaire. Elle séduit par sa sensualité envoûtante et sa grâce divine. Il est essentiel de faire la distinction entre la danse du ventre, la danse arabe et la danse égyptienne, car chacune incarne sa propre identité et ses caractéristiques distinctes.
La danse du ventre englobe une variété de styles dans divers pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Elle évoque des mouvements ondoyants des hanches, du ventre et des bras, sublimant la beauté et la fluidité du corps féminin. La danse du ventre, par sa cadence, son style et son interprétation, reflète ainsi la mosaïque des cultures qui l'ont nourrie.
La danse arabe, quant à elle, réunit les multiples expressions de la danse pratiquées dans les pays arabes, tels que le Yémen, le Liban, la Syrie...Etc. Chaque pays a ses propres styles et techniques distincts, mais tous partagent des éléments communs ancrés dans la richesse de la culture arabe. La danse arabe se caractérise par un jeu de jambes et des gestes expressifs des mains.
La danse égyptienne, comme son nom l'indique, est spécifique à l'Égypte, et ne désigne pas de style de danse précis, ni de dans spécifique à une sexe particulier, puisque les hommes aussi danse le « Saïdi » par exemple.
Les différents styles de la danse du ventre
Les styles variés de cette danse reflètent la richesse des traditions et la diversité culturelle qui l'entourent. Chaque mouvement raconte une histoire et chaque style exprime une émotion distincte.
Les danses populaires : le Baladi et le Shaabi
Le baladi : Quand danseuse orientale baladi entre en mouvement, elle revêt sa tenue du quotidien, ou une « galabeya », une robe traditionnelle ample et ornée, accompagnée d'un simple foulard autour des hanches. Ses mouvements sont puissants et ancrés, avec les pieds fermement posés sur le sol. Son bassin se balance lourdement, tandis que ses bras s'animent constamment, se rapprochant toujours de son corps, avec une prédominance de mouvements fluides et ondulants.
Le shaabi : Ce style de danse populaire est un héritage vibrant. Né dans les années 70, il se décline en différents styles à travers des pays tels que l'Égypte, le Maroc et l'Algérie. La musique et la danse shaabi du Maroc se caractérisent par un rythme et des gestes rapides notamment des hanches et des pieds .La "Qaada" on est un exemple riche. D’ailleurs on assiste récemment à des spectacles Flamenco qui fusionnent la qaada.
La danse orientale classique
La danse orientale classique, connue sous le nom de Raqs Sharqi, est née de la métamorphose du baladi traditionnel. Chaque mouvement gracieux, chaque geste des bras, chaque demi-pointe délicatement exécutée, transporte les danseurs et les spectateurs dans un univers envoûtant. Les tours et les arabesques remplissent l'espace de la scène, révélant une maîtrise parfaite de l'expression corporelle. Que ce soit en solo ou en groupe, cette danse occupe la scène avec une présence hypnotique. À sa naissance, ce nouveau style de danse s'inspirait des éclats d'Hollywood et des féeries des ballets russes. C'est également à cette période que le célèbre costume deux-pièces et l'utilisation du voile ont fait leur apparition, ajoutant une dimension mystique à cette danse sensuelle.
Les danses égyptiennes folkloriques
Les danses folkloriques régionales sont une symphonie de rythmes, de mouvements spontanés et passionnés, unissant les communautés lors des festivités.
§ Le Saïdi : originaire du sud de l'Égypte, est une danse masculine autrefois pratiquée par les bergers. Elle allie la puissance du bâton à la grâce des mouvements. Aujourd'hui, les femmes exécutent cette danse avec élégance, parfois sans bâton, parfois avec une canne.
§ Le Haggalah : une autre facette envoûtante du folklore égyptien qui se base sur la variation de rythmes pour transporter les spectateurs dans un tourbillon d'émotions, reflétant la force et la grâce de ces femmes nomades.
§ Le Fellahi : une danse paysanne, témoigne de la grâce et de la vitalité de ceux qui travaillent la terre. Les robes longues et amples des danseurs tournoient avec grâce, capturant l'essence de la vie quotidienne des paysans.
§ Le Mélaya : la danseuse orientale, enveloppée dans un voile, se déplace avec une sensualité envoûtante, jouant avec le public et captivant chaque regard. Deux styles, celui d'Alexandrie et celui du Caire, offrent une variété de mouvements et d'expressions.
§ Le Ghawazee : une danse tsigane qui mêle grâce et mystère. Les mouvements rapides et saccadés des hanches transportent les spectateurs dans un tourbillon de sensations.
Mais la liste est loin d’être exhaustive, et nous pouvons citer les danses khaliji, spécifiques au moyen orient, comme la Dabkeh (Liban/syrie et palestine) ;
La danse Alaoui en Algérie, les Raggada à l’est du Maroc, une danse très rythmé exécutée par les hommes avec des mouvements des pieds et des épaules. Les danses ahouachs au Maroc, riche en polyrythmie, et des sauts extravagants. La danse hassani au sud du Maroc, riche en gestuelles des mains et des bras.
Chacune de ces danses folkloriques est un hommage vibrant à l'histoire, à la tradition et à la passion De son peuple, et témoigne de la diversité et de la beauté de la danse dans chaque pays.
Les danses orientale contemporaines : Les fusions
Les fusions sont devenues de plus en plus populaires, mêlant harmonieusement la danse du ventre à d'autres styles envoûtants tels que le flamenco-oriental, le tango-oriental et le tribal. Ces fusions créent une expérience artistique unique, alliant avec grâce les rythmes et les mouvements distinctifs de chaque style. Des chanteuses pop internationales se sont inspirées de la danse orientale dans leurs spectacles/clips, comme Shakira ou Meriem fares pour le monde arabe style Saidi .
Danse orientale, Style baladi
Compilation, style classiqe (Tahia carioca, Samia gamal..etc).
les danseuses divas qui ont marqué l’histoire de danse orientale
Au fil de l'histoire, des femmes extraordinaires ont fait vibrer le monde de la danse orientale par Leurs corps éthérés et leurs pas ensorcelants. Telles des étoiles, elles ont laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique. Parmi ces danseuses légendaires, voici quelques-unes des plus sublimes :
Samia Gamal :
Telle une muse envoûtante, elle a ébloui les scènes du Caire, métamorphosant l'art de la danse en une nouvelle ère de grâce et de virtuosité. Originaire de Haute-Égypte, elle a trouvé sa voie à travers la danse au Caire, où elle a rencontré Baadia Masabni, celle qui a façonné son destin. Samia n’est pas seulement une danseuse d’orientale ; probablement la plus gracieuse de tous les temps, mais également une actrice et une danseuse polyvalente. Son interprétation dans la comédie musicale, « je t’aime toi », le prouve : elle danse très bien des styles comme la rumba, exécute des portés de ballet. Sachant que l’Egypte n’est pas un pays avec de réelles écoles de danse.
Elle a eu une histoire d’amour triste avec le célèbre musicien, compositeur et producteur de comédies musicales Farid al Atrach, avec lequel elle a jouée dans des comédies musicales comme « bissât Errih ». La famille de Farid d’origine syrienne noble n’a pas permis ce mariage, avec une danseuse. Suite à çà elle a épousé un américain, est a vécu aux états unis. Elle a tournée dans beaucoup de films dont « Ali baba et les quarante voleurs », tourné au Maroc avec l’acteur Fernandel dans le rôle principal. Elle a été très exploité par son mari, et a fini par divorcé et rentrer en Egypte sans un sous.
Taheya Carioca :
Ses débuts dans les clubs du Caire l'ont propulsée au sommet de la popularité grâce à sa technique de danse exceptionnelle et à sa beauté éblouissante. Par ses performances époustouflantes dans les films égyptiens diffusés à travers le monde, elle a fait rayonner la danse orientale aux quatre coins de la planète.
Fifi Abdou :
Depuis son jeune Age, Fifi a nourri le rêve de marcher sur les traces de Samia Gamal et Taheya Carioca. Dès l'âge de 12 ans, elle s'est jointe à une petite troupe populaire, cherchant dans les festivités traditionnelles une école autodidacte pour forger son propre style. Très vite, son talent éblouit les années 70, faisant de Fifi une force de la nature qui incarnait avec grâce un style décontracté, mêlant humour et popularité inégalée.
Badia Masabni :
Grâce à l'impulsion passionnée de cette femme d'exception d'origine syro-libanaise la danse orientale a connu une évolution extraordinaire. Par le biais de son incroyable création, le "Casino-Opera", elle a offert au Caire des spectacles somptueux, mêlant avec brio l'orient et l'occident. Badia avait une vision audacieuse : elle voulait élever la danse à un niveau de sophistication supérieur. Elle a introduit des éléments novateurs tels qu'un décor grandiose, une utilisation plus ample de l'espace et un vocabulaire technique riche, empruntant au folklore et à la danse classique. Elle a également révolutionné les costumes en insufflant l'essence même du voile et des tenues à sequins, s'inspirant de l'éclat hollywoodien. Beaucoup d’artistes du spectacle ont fait leur début avec Badiaa, dont Taheya Carioca (danseuse), Farid al atrache (musicien chanteur), Ismail Yassine (comédien et humoriste).
Ces femmes inspirantes ont transcendé les frontières, hissant la danse du ventre au rang d’art d'une beauté inégalée, laissant derrière elles un héritage inoubliable pour les danseuses du monde entier.
En explorant les mythes et les réalités qui l'entourent, nous nous rendons compte que cette danse est bien plus qu'une simple performance artistique. La danse du ventre est une invitation à célébrer la beauté et la diversité des cultures, à embrasser la féminité dans toutes ses facettes et à reconnaître le pouvoir libérateur de l'expression artistique.